Mai

Mercredi 2 mai, 23h55
Dernier acte, et sans doute le majeur, de ce second tour, le débat tant attendu a délivré l’opposition quasi frontale de deux fortes personnalités. De longs et fastidieux passages sur les sujets sociaux attendus par les électeurs, et quelques passages de vifs échanges.
Sarkozy est parvenu à garder son calme face à la colère entretenue de Royal. Un bilan en demi teinte : une candidate moins mécanique qu’attendu et un candidat moins percutant qu’escompté. Performance réciproque neutralisée qui ne devrait pas bénéficier plus à l’un qu’à l’autre.
A ce titre, le plan de Bayrou devrait se réaliser… à lui d’animer la force principale de l’opposition.

Vendredi 4 mai
Pas à l’aise du tout à Arles, pour ce séjour éclair. Hier soir, à plusieurs reprises, du TSS haineux qui apparenteraient les stigmatisations de Le Pen à de l’humanisme bienveillant. Plutôt que de contrecarrer avec, en ligne de mire, une rupture définitive de ma part, j’ai adopté la posture du retrait intellectuel, de l’extrême distance avec cette hystérie à la seule évocation du patronyme Sarkozy.
Je n’ai rien de l’adepte inconditionnel du candidat UMP, mais j’exècre cette diabolisation par des gauchistes prétendument généreux. Rien à foutre de leurs craintes : je voterai Sarkozy. Comme ceux qui vont glisser dans l’urne un bulletin Royal pour ne surtout pas voir accéder à l’Elysée Belzébuth-Sarkozy, j’apporterai ma voix à ce démon incarné pour que le système démocratique (tant défendu par les anti-Sarkozy) mouche leur morgue et accentue leur défiance. Peut-être même que certains songeront à quitter le territoire : bon débarras !
Ils le prennent pour un dangereux agité, je l’estime déterminé ; ils pointent son peu d’enclin pour les libertés publiques et le pluralisme, j’y vois une affirmation des devoirs de chacun et la netteté de ses convictions ; ils enragent contre une rhétorique simplificatrice, je loue l’efficace clarté de son discours ; ils vomissent l’homme politique, je conchie leur nausée.

Mardi 8 mai, 23h05
Quelques heures de sommeil avant une reprise allégée. Les urnes ont imposé Sarkozy, mettant une belle claque à tous ces anti primaires. Mais la générosité d’extrême gauche et les parasites-casseurs qui s’y collent ne pouvaient admettre la voie démocratique : violence, vandalisme, incendies. Le triptyque de la guérilla urbaine voudrait s’opposer au choix majoritaire. Leurs seuls débordements justifient l’arrivée de cette droite décomplexée. Certains nous prédisent une dérive autoritariste… subtile connaissance des autocraties dans le monde.
Sarkozy prend quelques jours de repos sur le yacht d’une relation richissime… et il devrait en avoir honte ? Que ces petits commentateurs hurlent davantage pour l’utilisation de l’argent public en dépenses somptuaires…
Tout cela laisse augurer un quinquennat pour le moins tendu et une société mure pour toutes les explosions.

Vendredi 17 mai, 0h45
Fin du dîner partagé avec Louise et Richard.
La passation des pouvoirs, troisième du genre pour la Ve République, a bénéficié du souffle nouveau d’une présidence en tension pour l’action et les réactions.
Reçu, cette semaine, un long courriel d’un anonyme se présentant comme un professeur d’économie de 25 ans. Attaque en règle contre mon néant de style, le contenu indigent de mon Journal pamphlétaire puis réfractaire. Lâche indignité du piètre trépigneur ! Je lui ai retourné quelques lignes lapidaires laissant bien sentir le profond mépris que m’inspirait sa démarche et sa personne.
Le tournis m’assomme… impossible approfondissement.
23h20. Soirée avec ma BB, l’écran habité par un chef d’œuvre de plus du prolifique Eastwood : Million Dollar Baby. Tout en retenue, conduit vers l’inexorable de ce qu’on redoute mais qui densifie l’émotion, servi par l’interprétation, l’incarnation magistrale des trois personnages, ce film happe le meilleur en nous pour la mise au fronton d’une belle, loyale, mais grognonne humanité. La jeune boxeuse a compris l’essence de l’existence et ses valeurs cardinales. L’acte d’amour euthanasique saisit aux tripes et au cœur.
Au même moment, le président Sarkozy goûte sa deuxième courte nuit post-nomination. Une composition gouvernementale suffisam­ment complexe et à facettes multiples pour combler la manie de l’exégèse. La mauvaise foi des quelques représentants de l’opposition ne parvient pas à contrebalancer les jolis coups de poker politique de la paire complémentaire de l’exécutif. A suivre…

Samedi 18 mai
Tentative de balade dans les monts du Lyonnais, après un déjeuner chez Les Touristes à Lyzoron. Impossible de retrouver le bon chemin du départ. Après deux essais infructueux, nous rentrons.
Les ministres vont monopoliser les médias par un écho claironné de leurs initiatives, actions et réformes : une façon de se bien faire voir par le président Sarkozy qui sue à fond lors de ses joggings immortalisés, à l’échelle du temps médiatique.
Y a-t-il un semblant de fond, de profondeur, de réelle volonté réformatrice dans toute cette mise en scène quasi obsessionnelle du résultat médiatique escompté ? Osons l’espérer encore un peu… en attendant les législatives…

Dimanche 27 mai
Vivoter, serait-ce finalement ça mon lot, jusqu’à regretter la sous-exploitation des années consumées.
Dès que je me retrouve seul, peu d’enclin pour explorer les voies créatives et me fixer d’enthousiasmants objectifs. Je m’enterre à doses d’instants inutiles.
L’Allelujah de Jeff Buckley a quelque chose de poignant dans l’âme.
Blog principal délaissé depuis la fin des présidentielles. S’extraire du conditionnement médiatico-sarkozyste pour méditer sur de plus nobles et fondamentaux thèmes.
Au Monde, Colombani vit ses dernières semaines. L’ambiance de la rédaction doit ressembler à ma morosité intérieure. La différence : je dois rester avec moi-même, malgré la sévérité du désaveu.

Lundi 28 mai
9h30. Hier soir, appel inattendu de Jim : avec Aurélia, ils attendent un bébé, quinze jours qu’ils le savent. Heureuse nouvelle que notre tendre grand-mère n’aura pas eu la joie de partager.
23h15. Etranges ballets des partis, du gouvernement et des médias lors de cette campagne législative. Si la majorité absolue n’échappera pas à l’UMP, l’agitation des officines ministérielles laisse transparaître une fébrilité. Les chroniqueurs et journalistes s’essayent déjà à trouver les failles et les contradictions du nouveau pouvoir en place. Hystérie des exégètes de la vie politique française : avant même l’installation de la nouvelle majorité législative, on suspecte l’exécutif en rodage de tous les renoncements. Cirque indigeste des plumes de la presse. Attendons un peu, que diable !
Idem pour les sondages qui polluent et parasitent l’expression démocratique. Telle proposition est désapprouvée par une majorité des Français selon tel sondage… alors que cela figurait au programme de l’élu. Que faire ? Renoncer aux urnes ou se torcher avec les Ipsos, SOFRES et autre BVA ?
Le rythme effréné de cet univers médiatico-politique devrait m’incliner à écrire sur du plus fondamental, du plus universel, du plus sensible… mais ai-je seulement le début d’une inspiration pour cela ? Lire, à nouveau, plus d’ouvrages que de presse, et le monde reprendra son épaisseur… Cette immédiateté éphémère pervertit, déforme notre vision du monde. Voilà qui doit m’imprégner. Hauteur et synthèse sur ce curieux panorama politique.
Ainsi le PS n’a pas modifié d’un iota les vieux réflexes qui ont entraîné sa chute en 2002 ; les Besancenot, Buffet et Laguiller toujours incapables d’entente pour peser un tant soit peu ailleurs qu’avec les braillards grévistes sur l’asphalte. A vomir !

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